Thérapeute relationnelle, dans toute la France, Carole Laurençon n’a jamais cessé de porter plusieurs casquettes dans sa vie professionnelle. Aujourd’hui, skilleuse expérimentée sur Wooskill, nous avons eu l’occasion de lui poser quelques questions.

Pour commencer, dites-nous en plus sur votre profession

Nous sommes tous des êtres sociaux. Nos liens filiaux et parentaux, nos amours, nos amitiés, nos collègues… Aujourd’hui, les exigences de réussite dans toutes les sphères de notre vie malmènent nos relations et peuvent devenir une source de souffrance, notamment lors d’étapes cruciales : naissance d’un enfant, mariage, séparation, adolescence, décès, maladie…

Mon rôle est donc d’accompagner ces personnes dans leurs étapes de vie, qui peuvent être perçues comme des crises. Toutefois, une crise est quelque chose de positif. Je m’explique : en latin crisis, signifie « manifestation violente », « brutale » lorsqu’elle se manifeste le plus vivement. Et en grec, krisis, signifie « jugement », « décision ».

Une crise correspond donc à un moment clé, charnière, où, en quelque sorte, « tout doit se décider ». D’une certaine façon, la crise, c’est « le moment ou jamais ». Cela permet à un individu, un couple, une famille, de passer de la crise qui est un état instable, à passer à un autre état, qui fait sens.

La thérapie relationnelle analyse pour mieux comprendre les mécanismes inconscients, les blessures et les croyances, pour s’en libérer et mieux vivre la relation à soi-même et aux autres. J’accompagne mes patients par des entretiens individuels, de couples et familiaux, en présentiel dans toute la France et en visio.

J’interviens également auprès des plus jeunes, qui souvent ne sont pas épargnés, face à l’évolution perpétuelle et incertaine de la société, de la famille, du rapport au travail et face à l’agressivité, au harcèlement, aux tentations que sont l’alcool et la drogue. Afin qu’ils deviennent des adultes équilibrés, confiants en eux-mêmes et dans les autres.

Mes environnements de travail sont le cabinet, les entreprises et les institutions éducatives. Au-delà d’être agréée par les Ministères de La Solidarités et de la Santé, et de l’Éducation Nationale, ma valeur ajoutée est de déplacer mon cabinet dans les différents lieux où je suis appelée avec des outils concrets et efficaces qui permettent à chacun de se revaloriser et de reprendre confiance.

D’où est venue cette envie d’aider et de conseiller ?

Mon parcours de vie est assez atypique, je n’ai pas toujours été thérapeute ou conseillère conjugale et familiale. Au collège, les adultes demandent souvent aux jeunes : « que voulez-vous faire plus tard ? ». Et comme certains adolescents aujourd’hui, je ne savais pas.

J’ai donc choisi de faire comme mes parents et de me lancer dans l’hôtellerie-restauration. Ce fût une expérience magnifique avec laquelle j’ai eu la chance de voyager énormément, d’apprendre le travail en équipe ainsi que la rigueur. Par la suite, j’ai rencontré mon mari et quand l’envie de fonder une famille est venue, j’ai senti que la restauration n’était plus en adéquation avec mes aspirations.

Vers mes 24/25 ans, j’ai donc repris des études en BTS assistant de direction. Puis, j’ai travaillé pendant une dizaine d’années dans un grand groupe du CAC 40. Une des dernières crises financières m’a obligée à quitter cette entreprise où j’avais pu apprendre tant l’accompagnement des salariés et des dirigeants que la polyvalence qu’offre ce type de structure.

Après ce départ non voulu et l’approche de mes 40 ans, j’avais l’impression de revenir des années en arrière, comme une adolescente de troisième. Jeune maman et forte de mes années d’expériences professionnelles, j’avais besoin de continuer à me nourrir psychiquement, toutefois dans un autre métier.

Mais lequel ? J’ai donc décidé de faire un bilan de compétences. Durant cette introspection, j’ai vite compris que dans chaque métier de ma vie, le fil conducteur était la relation à l’humain. Au cours de ce bilan, j’ai choisi de rencontrer différents professionnels de l’accompagnement. Et c’est le métier de Conseillère Conjugale et Familiale, tant par sa posture, ses valeurs, que l’enseignement donné par l’école, que j’ai choisi de m’engager dans cette formation intense et passionnante de trois années.

Aujourd’hui, je suis toujours aussi passionnée par mon métier, et j’ai fait le choix d’être cheffe d’entreprise, et d’exercer, tant en présentiel à travers la France, qu’en visio, au sein de trois environnements professionnels :

  • Le Cabinet
  • Les entreprises, mutuelles, institutions privées et publiques
  • Les écoles.

« Je n’impose rien, je les guide autant qu’eux me guident »

Carole Laurençon

Comment nommez-vous les personnes que vous aidez ? Clients ? Patients ?

Personnellement, je préfère le mot patient, le terme client donne une image commerciale qui n’a pas lieu d’être dans mon cadre de travail. J’utilise donc le mot patient, même s’il n’est pas non plus très approprié, car mes patients ne patientent pas, puisque contrairement à un médecin qui donne une posologie, mes patients sont actifs dans leur introspection. L’accompagnement que je propose est atypique, puisque je donne des exercices à réaliser pendant et en dehors des séances.

Avez-vous des difficultés à séparer vie personnelle et professionnelle ?

En tant que thérapeute, j’ai l’obligation d’être supervisée. Je suis donc suivie par une psychologue clinicienne. Cet accompagnement me permet de pouvoir échanger sur les entretiens de mes patients et sur ma propre introspection.

Pour information, comme chaque professionnelle de santé, je suis tenue au secret médical et à la confidentialité. Avec mes consœurs et confrères, je peux parler de mes patients, cela s’appelle le secret partagé. Bien évidemment, tout cela reste dans la sphère professionnelle, et cette opportunité permet avant tout de travailler ensemble et d’accompagner chaque patient dans sa globalité.

« Le verbe aimer est un verbe d’action, un couple ça se travaille et ça communique »

Carole Laurençon

Les couples se séparent-ils plus facilement aujourd’hui ?

Il y a 30/40 ans les couples restaient ensemble toute leur vie, aujourd’hui tout devient jetable. Fréquemment, je rencontre des couples qui souffrent de problèmes de communication. Les couples n’apprennent pas à se regarder l’un l’autre. Très souvent, ils ne se demandent pas ce qu’est un couple. C’est avant tout une union entre deux individus, entre deux cartes du Monde.

Au début d’une relation, le couple est dans la phase dite de « fusion », période sans histoire où les deux amoureux sont comme aveuglés par la perfection de leur partenaire. Chacun répond parfaitement aux attentes de l’autre.
Cette période normale est surtout hormonale. Une fois que les hormones disparaissent, on voit l’autre avec ses défauts et l’autre nous voit avec les nôtres ! Certains couples font un travail sur eux même, quant à d’autres, ils préfèrent enchaîner les relations d’un ou deux ans pour retrouver à chaque fois cette appétence tant dans la relation que dans la sexualité.

Ressentez-vous un sentiment d’échec quand vous n’arrivez pas à aider vos patients ?

Pour cette question, je vais prendre le cas des couples. Pour eux, je n’ai pas d’objectif, dès le premier entretien, je les informe que je ne suis pas là pour qu’ils se remettent ensemble ou se sépare, je reste neutre. Leurs choix, leur appartient et ça reste le meilleur choix pour eux. S’ils décident de se séparer, je continue tout de même à les accompagner afin de les aider à faire le deuil de la relation, à se quitter en bons termes et éviter les répétitions de l’histoire passée.

Quels sont les outils que vous utilisez au quotidien ?

Carole-Laurençon-Thérapeute

Quand une personne à des difficultés pour s’exprimer, j’utilise le photolangage. Ce sont des images ou plutôt un jeu de photos qui permet à la personne de décrire ce qu’elle ressent intérieurement. C’est un exercice spontané, où il ne fait pas trop réfléchir, mais ça permet au patient de verbaliser ses émotions et son ressenti.

La thérapie dite narrative est un outil que j’utilise fréquemment, c’est un travail d’écriture que je donne hors entretien à mes patients. Ce « devoir » permet de faire sortir une problématique, d’en parler plus facilement et de la confronter. Quant au génogramme, c’est un arbre généalogique, mais plus complet, qui permet à chaque personne de raconter son histoire familiale, avec son héritage, les non-dits, les secrets de famille, les histoires que les générations précédentes ont pu lui raconter ou non, et lui donner en guise d’héritage.

Votre avis sur la plateforme Wooskill ?

J’aime beaucoup l’état d’esprit de Wooskill, ce rassemblement de compétence intellectuelle à la portée de chacun. Dans mon quotidien, j’ai l’habitude de rencontrer, de côtoyer et d’orienter mes patients vers plusieurs métiers annexes (avocats, coachs en bilan de compétences…). Avec cette plateforme web, je retrouve cette envie de partage et d’entraide. De plus, l’équipe Wooskill parait très dynamique, enthousiaste et passionné.

D’ailleurs, si vous avez besoin d’aide n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec moi sur Wooskill.

Pour conclure cette interview, je vous laisse le dernier mot

Comme le maître crêpier Michael Alix, je souhaiterais conclure sur une citation. Elle vient de Sénèque : « Ce n’est pas parce que c’est difficile que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas que c’est difficile ».